Université de l’Ontario français

Café-causerie avec Dyane Adam : notes de la présentation par Denise Lemire

NOTES DE LA PRÉSENTATION ET DISCUSSION

Rédaction par Denise Lemire, Membre du Centre-Pauline-Charron

  • Dyane Adam, présidente du Conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français
  • Animation par Madeleine Meilleur, directrice générale par intérim du Muséoparc Vanier
  • Mot de bienvenue et présentation de Dyane Adam par Madeleine Meilleur

Présentation de Dyane Adam

Depuis presque 50 ans, la communauté revendique l’université francophone; il y a eu beaucoup de revendications surtout dans le nord de l’Ontario. Depuis quelques années, la population francophone augmente dans la région de Toronto. Il faut maintenir et renforcer le continuum de l’éducation en Ontario français. Il y a maturité de la communauté francophone. Il faut favoriser le développement social de la francophonie ontarienne.

Dyane Adam précise qu’elle a vécu dans toutes les régions de la province et elle s’est aperçue que la réalité de chaque région est très diversifiée; chaque milieu a ses spécificités. Dans le sud de l’Ontario, il y a 13 universités de langue anglaise. Plus d’un tiers des francophones de l’Ontario vivent dans le sud de la province, mais on a seulement 3 % des cours universitaires en langue française. Donc les francophones vont dans les universités de langue anglaise. On perd les francophones. Si on continue, la francophonie va rétrécir de beaucoup. On a besoin de l’université, on doit l’établir, on doit être en relation avec les autres parties de la province.

Dyane Adam siège au Conseil de la gouvernance depuis presque 5 ans; ce devait être un projet de six mois, et elle continue.

Selon Madeleine Meilleure, l’université francophone aidera à freiner l’assimilation. Elle donne l’exemple de Thunder Bay : les enseignants francophones ont fréquenté les programmes d’éducation en anglais et ils ne peuvent pas enseigner dans les écoles françaises; on a peu de spécialistes dans nos garderies, car il n’y a pas de formation en français comme spécialité. Elle pourrait donner encore plus d’exemples. Le nombre de francophones diminuent toujours. Il faut donc des institutions pour aider à contrer l’assimilation. Et ce n’est pas juste à Thunder Bay que ça se passe. Les gens bilingues sont recherchés, donc l’université francophone pourrait aider même au niveau économique.

Dyane Adam : Le Conseil de gouvernance a choisi Toronto parce qu’il y a un besoin énorme de gens bilingues, par exemple, les grosses compagnies, qui sont un pouvoir d’attraction important et intéressant. Il y a clairement un besoin. Il y a des étudiants francophones qui n’ont pas de débouchés en français. Les gens ne bougent pas, c’est-à dire que les étudiants ne déménageront pas à 200-300 km pour continuer leurs études quand ils sont entourés de multiples universités avec chacune leurs spécialisations.

C’est certain qu’il faut faire des ponts avec les autres universités, faire des collaborations. Cependant, les universités bilingues n’ont pas bien accueilli la mise sur pied de cette université francophone.  Nous visons un projet de modernisation de l’université. On n’a pas choisi l’éducation au niveau de la santé ou autres secteurs scientifiques, car cela aurait été trop coûteux. Nous croyons que l’apprentissage des sciences de l’humanité est la base, apprendre à penser, à analyser, à connaître des champs d’action différents, avoir une perspective globale et connaître les enjeux mondiaux.

Les étudiants doivent apprendre à connaître plusieurs enjeux qui les touchent : 1) la diversité, par exemple, l’immigration et tout ce que ça signifie; 2) l’environnement urbain (transport, écologie) (comment fonctionne la société), il faut qu’ils s’adaptent; 3) le numérique (comment ça influence notre milieu de travail, les liens familiaux); 4) l’économie (nous sommes à Toronto, la francophonie canadienne – c’est quoi?, la francophonie américaine).

Les anglophones de Toronto sont très favorables à la présence de l’université francophone, car ils reconnaissent qu’on en a besoin.

On a besoin de parler d’éducation dans notre propre communauté. Pourquoi les gens doivent-ils s’inscrire à l’université? Réponse : université de petite taille, apprentissage collaboratif, apprentissage en équipe, enseignement théorique, avoir des profs et des intervenants du terrain. On n’a pas l’ambition d’être une grande université, mais d’offrir un apprentissage unique, la possibilité d’étudier en français dans un contexte anglophone.

Selon Dyane Adam, il est difficile d’avoir des compétences en français si on étudie seulement en anglais. Il faut avoir des bulles francophones. Il faut développer une campagne de promotion et un discours. Il faut surtout garder les jeunes dans le continuum francophone le plus longtemps possible et l’université francophone va permettre ceci. L’université francophone offrira des micro programmes, par exemple, pour mettre à niveau les compétences des immigrants, un bac en éducation.

Madeleine Meilleur : qu’en est-il de la controverse sur le manque d’inscriptions d’étudiants prévus pour septembre 2021 (19 à 30 inscriptions)?

Réponse de Dyane Adam : L’université part de zéro. On a eu des retards : le financement est arrivé plus tard que prévu; les programmes ont été adoptés en octobre 2020 (ce qui été aussi plus tard que prévu) – c’est seulement en octobre que nous avons eu le droit de publiciser nos programmes. Ce n’est pas un échec; généralement cela prend deux ans avant de recruter les élèves de 11e et 12e années des écoles secondaires. C’est très irréaliste de dire que c’est un échec. Le site progresse même avec la COVID; la chaine d’approvisionnement a eu un peu de difficulté avec la période de la pandémie. Aujourd’hui, on a 63-67 inscriptions. Dans les universités, quand on part des nouveaux programmes, en moyenne, cela prend trois ans à combler un programme.

Madeleine Meilleur : Félicitations! Dans la tempête, ça réveille les gens, au moins cela vous met sur la plateforme publique (cela fait de la promotion).

Question d’une participante : Les déboires de l’Université Laurentienne me préoccupent – est-ce que tu crois que ça pourrait aider la nouvelle université?

Réponse de Dyane Adam : Je ne sais car je ne connais pas le type d’étudiants, leurs intérêts et besoins. Si l’Université Laurentienne ferme beaucoup de programmes, on pourrait penser davantage à l’enseignement virtuel, mais aussi offrir du sur place. On aimerait avoir une présence physique à Hearst. L’idée c’est de faire rayonner la nouvelle université francophone.

Commentaire de Diane Doré : Il faut engager la communauté. Les jeunes subissent une pression entre choisir l’école francophone ou l’école anglophone. Il faut que le parent soit convaincu. Les graines qu’on a semées, ça perdure. Il est important d’en parler à nos écoles élémentaires et secondaires.  Il faut encrer ce désir de continuer cette francophonie; il faut que les jeunes croient dans cette francophonie.

Dyane Adam présente l’idée future que l’université soit intégrée dans un carrefour de services, qui inclurait La Cité, l’Université de Hearst, les conseils scolaires, d’autres organismes communautaires, etc., afin de créer une synergie.

Question d’une participante : Je suis fascinée par le concept de l’université francophone. C’est un bon modèle pour les générations futures; est-ce que l’idée est basée sur quelque chose qui existait ou est-ce un nouveau modèle et est-ce un concept unique?

Réponse de Dyane Adam : Il y a des petites universités qui ont été créées mais le concept d’université francophone est vraiment basé sur des études sur la société contemporaine, sur la main d’œuvre qui est devenue plus adaptable, sur le caractère de la francophonie ontarienne. On voulait une institution complémentaire et non entrer en concurrence avec d’autres universités. On avait des paramètres tels que tout se passe présentement en milieu urbain, les francophones qui arrivent au Canada préfèrent les milieux urbains. Il y a donc une nécessité que les communautés arrivent au 21e siècle, se modernisent.

Dernière question d’une participante : Je suis déçue que l’université ne soit pas logée dans le nord de l’Ontario. Il est important de ne pas dupliquer les programmes. Ma question : les parents se demandent qu’est-ce que mon enfant va faire avec un bac de je ne sais pas quoi? Qu’est-ce qu’on leur répond?

Réponse de Dyane Adam : Les parents comprennent les bacs de santé qui forment des spécialistes, etc., les bacs en éducation qui forment des enseignants, etc. Nous, on vise le monde qui travaille dans les services tels que les banques, la finance. Ces milieux ont besoin de gens qui peuvent penser et analyser.

Mot final de Madeleine Meilleur : Il y a de l’éducation à faire. La société se transforme rapidement. On recherche des francophones surtout dans la région de Toronto, de la région du Niagara, par exemple il y a beaucoup de travailleurs qui viennent de la France qui voudront envoyer leurs enfants à cette université francophone. Un dossier à suivre.

Merci Dyane pour ta présence. Ce fut fort intéressant et apprécié.